En ce debut de soiree, en couloirs silencieux du parquet de Perpignan, une procureure adjointe s’en va voir le procureur pour lui soulever un probleme de planning. Elle evoque une banale erreur dans le programme pourtant valide des audiences du mois futur. Lui s’etonne, eleve la voix et accable sa subordonnee. Puis, lui adresse un doigt d’honneur. La magistrate petrifiee n’en croit nullement ses yeux. Elle reste sous le choc. Arrivee devant J’ai a de son bureau, elle s’effondre et s’evanouit. Aussitot, une collegue alertee avec des cris accourt. Le procureur et sa secretaire suivent. Meme le president du tribunal est la. Prise en charge par les pompiers, la magistrate qui souffre de maux de tete subira des le lendemain un scanner Afin de rassurer le medecin. Elle reste victime d’un accident du boulot. Nous sommes le 17 decembre 2020. Quelques jours plus tot, Anissa Jalade a signale aupres des services du ministere le harcelement de Jean-David Cavaille, accuse d’avoir couvert de graves dysfonctionnements, parfois illegaux, i l’interieur du parquet. Depuis, la procureure adjointe a du subir une procedure medicale deshonorante et a meme ete suspendue via le ministre en Justice.
Notre , sur les conseils de magistrats et de professionnels medicaux, Anissa Jalade decide de briser l’omerta et denonce « une souffrance importante liee a toutes les institutions et a mes fonctions » dans un courriel envoye au college de deontologie d’la Place Vendome. « Je souffre du management de mon procureur, d’abord tres rejouissant et sympathique pour tous, et apres m’avoir fortement encense a ma prise de fonction, j’suis rentree dans l’?il du cyclone voili que j’ai ose requerir relaxes ou acquittements malgre des detentions provisoires, ecrit le adjointe de 40 annees. Je subis 1 habile denigrement allant de l’absence de reponse a mes demandes d’instruction trop engageantes ou dessaisissements de dossiers, non-respect d’une voie hierarchique soutenu et encourage a mon endroit jusqu’a menacer d’avoir ouvert une enquete tel qu’il me l’a presente suite a des denonciations imprecises d’un mis en examen. J’ai signale tous ces faits a Divers de les collegues depuis environ six mois et mes proches sont temoins de bien cela en permanence. »
Anissa Jalade poursuit : « Le collegue du parquet general vers lequel je me suis tourne a botte en pointe, le procureur general ne me repond jamais. J’ai saisi le medecin du bricolage et j’ai contacte la psychologue sur le 06 vert, j’suis suivie personnellement avec un medecin generaliste et tous m’indiquent qu’il est opportun aujourd’hui que je revele ces faits, mais je me heurte au respect en voie hierarchique et mon procureur rapporte certainement son avis negatif au procureur general qui reste en retrait. Mon procureur ne cesse surtout d’asseoir son autorite malsaine vis-a-vis de moi sur la base des aptitudes haut placees selon lui et pratique l’injonction paradoxale. Sur conseil, j’ai sauvegarde plusieurs mails et enregistre desormais tous mes echanges et requi?tes ecrites envers lui ainsi que ses reponses eventuelles. Je retranscris aussi toutes ses demandes verbales, je dispose d’elements edifiants qui me fracassent en meme moment qu’ils me brulent a petit feu. Je ne sais pas si je vais tenir tres un moment. Je me suis rapprochee d’un avocat specialise en ce theme. […] Je n’ai rien a cacher mais bon nombre a denoncer, des irregularites a des fautes professionnelles… » Contactee quelques fois, Anissa Jalade n’a gui?re souhaite repondre a nos questions et nous a renvoye vers le avocat, Me Francois Saint-Pierre, qui possi?de fait de meme.
Depuis l’arrivee de Jean-David Cavaille a la tete du parquet de Perpignan, en mars 2020, apres un premier contact chaleureux, des relations avec son adjointe se degradent promptement. C’est Anissa Jalade qui exige, des juin, a s’entretenir avec son superieur Afin de evoquer le malaise. Desservie par votre dossier bacle et truffe d’erreurs dans une affaire sensible, jugee devant la cour d’assises Plusieurs Pyrenees-Orientales, Anissa Jalade requiert sous le regard inquisiteur du procureur de la Republique, present au tribunal en rupture totale avec les conventions. Cet ete-la, elle se sent progressivement evincee avec Jean-David Cavaille. Comme debut septembre, quand elle reste dessaisie d’un dossier criminel apres 72 heures d’embauche parce qu’un prevenu l’a accusee sans preuves de corruption. La commode reste inhabituelle, Anissa Jalade y voit une sanction personnelle et n’apprendra que fin novembre le classement de l’enquete la visant.
Mais rien n’y fera, le sort s’acharne. En octobre, la magistrate herite d’un nouvelle dossier ni fait ni a faire. Un accuse dans une affaire de m?urs, en detention provisoire depuis deux annees, clame son innocence. En l’absence d’elements, Anissa Jalade requiert contre l’instruction orale du procureur, donnee en violation de l’article 5 qui garantit a toutes les magistrats du parquet qu’a l’audience leur parole est libre. Pire, elle aggrave son cas, proclame que la justice s’est trompee et presente des excuses au nom du parquet une Republique, une pratique rarissime dans la profession. Acquitte par le jury en cour d’assises dans la nuit, le petit homme de 20 annees s’effondre en remerciements. Il semble desormais libre. Enfin jamais tout a fait. De retour a domicile d’arret, ou c’est escorte Afin de remplir nos formalites de levee d’ecrou et recuperer ses affaires, nos agents inscription mixxxer croient a une… meprise en parcourant le bordereau de transmission qui ordonne pourtant sa remise en liberte immediate et signe par la magistrate. Resultat : l’innocent passe une nuit De surcroit en cellule. Une nuit de trop. « En droit, on appelle ca une detention arbitraire », raille une source judiciaire.
Fidele a sa ligne de conduite et via obligations hierarchiques, Anissa Jalade denonce aussi de graves dysfonctionnements i l’interieur du parquet. Debut novembre, quand un vice-procureur violente votre mineur garde a vue pendant son deferement, cette dernii?re en fait part a Jean-David Cavaille, qui le couvre, puis finit via ouvrir tardivement une enquete administrative. Le collegue fautif ecopera a priori d’un simple rappel des obligations.